Erwann BLEIZMOR
Chef Mécanicien de l’Argulus


Monsieur Éric JAMAISLA
Directeur du service technique




Objet : Avarie majeure sur la turbine du turbo alternateur

Pièces jointes : photos de la roue



Monsieur,

Le 28 février nous avons quitté le havre à destination de New York depuis quelques heures. L’usage recommande de mettre en fonctionnement le turbo alternateur mais l’officier en charge de la production électrique du bord m’avertie de l’impossibilité de le coupler suite à des bruits anormaux à 1500 rpm malgré un réchauffage suivant la procédure constructeur. Après investigations nous constatons des marques de corrosion à la base des ailettes ainsi que la rupture de trois d’entre-elles.. N’ayant à pas à bord les pièces nécessaires à sa réparation, le turbo alternateur ne pourra fonctionner pendant ce voyage.

Le 28, vers 7 heures, nous quittons Le Havre pour New York. La remontée en allure est terminée à 8h45. Nous décidons alors de mettre en service le turbo alternateur. Nous virons manuellement la turbine sans ressentir de point dur. La vanne de vapeur est à peine décollée pour permettre un réchauffage statique par les boites étanches. Quand les 35% de dilatation recommandée par la notice constructeur sont atteint, nous entreprenons la partie dynamique du réchauffage. Il est alors 09h30. Les pressions d’huile des paliers sont bonnes, les températures et pressions de la vapeur sont convenables. Mais alors que nous atteignons les 1500 rpm, des bruits anormaux appairassent. Les détecteurs de vibrations n’ont pas encore atteint le seuil de déclenchement du stop d’urgence. Nous arrêtons immédiatement l’installation afin de rechercher la cause de ces bruits.

L’étude des paramètres nous montre que les pressions d’huiles ont toujours été convenables. Les détecteurs de vibrations enregistrent une augmentation de celles-ci, sans pour autant atteindre une valeur critique. Nous décidons alors de procéder à l’ouverture de la turbine pour un examen de l’ensemble. Pour ce, nous devons déposer l’appareil de manœuvre, les sous tirages, ainsi que le calorifugeage. Puis, nous ouvrons la coquille supérieure du rotor et inspectons la turbine. Nous constatons que 3 ailettes sont fissurées et que de nombreuses traces de corrosion sont présentes à la bases des ailettes (cf. photos ci-jointes). D’autre part, une inspection des purges de corps de la turbine montre une restriction du tuyau, suite à un pincement remontant probablement au précèdent remontage lors de l’arrêt technique au chantier VanderProet de Knock le Zout.
Si nous avons à bord de quoi modifier le tuyautage pour la purge défectueuse, nous n’avons pas de quoi réparer la turbine. Une visite des chantiers est à prévoir à notre escale de New York, où nous devrions arriver dans 8 jours.

Il semble que la restriction de la purge ait empêché une bonne évacuation de l’eau condensée dans le corps, provoquant ainsi la corrosion visible sur la base des ailettes. Cette corrosion est vraisemblablement responsable de la rupture des trois ailettes. Une visite du TA ayant également eu lieu par le même chantier sur le Nautile, il pourrait être bon de contrôler l’état des purges sur ce sister ship ainsi que celui de la turbine.